Démocratie locale en question
GOUVERNEMENT DES VILLES E T D É M O C R AT I E PA R T I C I PAT I V E : QUELLES ANTINOMIES ?
Les échos dont bénéficient les partisans de l’application accrue des principes d’une gouvernance urbaine aux villes françaises sont multiformes : de contributions dans la littérature scientifique en management public à la propagation de la croyance, dans la plupart des composantes du maillage institutionnel local français, d’une nécessité impérieuse de démocratie locale renouvelée intégrant plus notablement le citoyen « de base », en passant par une déclinaison quasi publicitaire du cas « mythique » de Porto Alegre dans bon nombre de médias. Doit-on pour autant postuler l’adéquation entre une fin, le gouvernement d’une ville, et les moyens déclamés comme étant devenus inséparables d’une gestion des villes qui soit « efficiente » et acceptable ? Le « bon gouvernement » des villes françaises passe-t-il inéluctablement, comme un nombre croissant d’observateurs semblerait le penser, par une nouvelle et « bonne gouvernance » fondée sur l’instauration et la générali-
sation de décisions prises en vertu de l’application d’une démocratie de type participative ? L’hypothèse que nous tenterons ici de confirmer se risquera à partir du point de vue inverse. Nous nous inscrirons donc dans le prolongement d’une précédente contribution dans laquelle nous avions souligné que la gouvernance, si elle venait à gagner du terrain, se limiterait à des préoccupations strictement opérationnelles, et non stratégiques 1. Ainsi, nous poserons comme hypothèse de départ, pouvant paraître provocatrice, que la démocratie participative, expression concrète de la gouvernance au sein d’une ville, est grandement incompatible avec l’exercice du gouvernement effectif de cette ville. Gouverner une ville impliquerait alors l’impossibilité de satisfaire les volontés d’instauration d’une plus grande participation des citoyens à la prise des décisions stratégiques dans leur collectivité