Ecrire autrement
Ahmed Hafdi
Celui qui retourne les mots finira par avoir soif de l’écriture, sinon attraper son « virus » ! D’aucuns considèrent la pratique de l’écriture comme un acte complexe, exclusivement réservé aux écrivains, poseurs d’énigmes et manipulateurs de signes, retranchés dans leur " tour d’ivoire " et où les muses viennent nourrir leur imaginaire. Cette représentation erronée, le mythe de l’inspiration aidant, se voit malheureusement reproduite, pour une longue période, par certaines institutions, faisant de l’écriture un acte sacré, hermétique et solitaire, donc inaccessible au commun des mortels.
Par ailleurs, la prédominance de l’oral dans notre vie quotidienne relègue au second plan toute activité scripturale. Des pratiques inhérentes à la civilisation de l’écrit, à l’instar des petits billets, écrits utilitaires, journal intime, mémoires ou autres, n’ont pas encore trouvé leur place dans notre train de vie.
Avec l’apparition des " ateliers d’écriture ", qui se sont multipliés et diversifiés, durant la dernière décennie, l’écriture devient de plus en plus un simple acte, ordinaire, individuel ou collectif, accessible à " monsieur tout le monde " ; d’ailleurs qui n’a éprouvé, dans certaines circonstances, l’irrésistible désir de se confesser sur une feuille blanche, de coucher sur papier ses impressions, ses rêves, ses frustrations … ? Et notre école n’a pas encore réalisé l’importance de cette nouvelle approche de l’écrit. Dommage ! Au fait, une phrase relevé dans l’incipit de la vie mode d’emploi de Georges Perec " a retenu notre attention, il y a de cela quelques années « Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça … " et nous voilà devant une écriture foisonnante, déroulant son tapis magique sur environ plus de cinq cents pages. L’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) est l’une des expériences en matière d’écriture à contraintes qui a généré toute une littérature remarquable et de qualité. Une contrainte