Eloge Du Tabac Lecture Analytique
Nous ne sommes pas dans un lieu habituel de la comédie mais dans le lieu même de la noblesse, de la tragédie.
SCENE PREMIÈRE. SGANARELLE, GUSMAN
SGANARELLE, tenant une tabatière. Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n'est rien d'égal au tabac : c'est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre.
L'argumentation commence par une opposition entre deux vérités. Celle de la philosophie toute entière inférieure à celle de Sganarelle qui se présente comme un dogme (arguments d'autorité) . Malheureusement le dogme est ridiculisé par l'anachronisme.
L'argumentation suit :
Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l'on apprend avec lui à devenir honnête homme.
Il enchaîne les arguments en liant l'usage du tabac à "l'honnêteté", à la "vertu". Un argument médical et métaphoriquement éthique puisque le tabac à priser "réjouit et purge les cerveaux humains" (par l'éternuement, par le nettoyage donc du cerveau); suivi d'un argument moral "instruit les âmes à la vertu" pour finir sur un argument social. On voit donc que le tabac est mis au niveau de la médecine, de l'éducation chrétienne et de l'éducation mondaine. Arrivée du "on": arguments de communauté
L'exemple suit, sous forme de question rhétorique :
Ne voyez-vous pas bien, dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme l'on est ravi d'en donner à droit et à gauche, partout où l'on se trouve ?
Le tabac est donc une matière éminemment sociale et morale proche de la Charité chrétienne mais, pour le lecteur qui a lu la pièce, il apparait ici comme une métaphore en creux du sentiment amoureux de Dom Juan.
On n'attend pas même qu'on en demande, et l'on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d'honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent.
L'argument est poussé au ridicule puisque