enfant noir
J’étais enfant et je jouais près de la case de mon père. Quel âge avais-je en ce temps-là ? Je ne me rappelle pas exactement. Je devais être très jeune encore : cinq ans , six ans peut-être. Ma mère était dans l’atelier, près de mon père, et leurs voix me parvenaient rassurantes, tranquilles, mêlées à celles des clients de la forge et au bruit de l’enclume. Brusquement, j’avais interrompu de jouer, l’attention, toute mon attention, captée par un serpent qui rampait autour de la case…et je m’étais bientôt approché. J’avais ramassé un roseau qui traînait dans la cour (…) et, à présent, j’enfonçais ce roseau dans la gueule de la bête. Le serpent ne se dérobait pas : il prenait goût au jeu ; il avalait lentement le roseau, il l’avalait comme une proie, avec la même volupté, me semblait-il, les yeux brillants de bonheur, et sa tête, petit à petit, se rapprochait de ma main. Il vint un moment où la gueule du serpent se trouva terriblement proche de mes doigts. Je riais, je n’avais pas peur du tout, et je crois bien que le serpent n’eût plus beaucoup tardé à m’enfoncer ses crochets dans les doigts si, à l’instant, Damany, l’un des apprentis , ne fût sorti de l’atelier. L’apprenti fit signe à mon père, et presque aussitôt je me sentis soulevé de terre : j’étais dans les bras d’un ami de mon père !
D’après Camara Laye
Atelier de questionnement de texte
Type de texte : narratif
Niveau : 1
Texte choisi : L’enfant noir et le serpent
Auteur : Camara Laye
Matériel : textes photocopiés – tableau
Modalité : groupe de 7 élèves hétérogènes en oral, collectif
Etude du texte : (avant l’atelier)
1) Schéma narrartif :
Situation initiale : un jeune enfant joue dehors, près de la case de ses parents
Elément perturbateur : un serpent
Force dynamisante :l’enfant s’en approche , curieux , avec un roseau qu’il enfonce dans la gueule du serpent
Force équilibrante : le plaisir du serpent qui voit la main de l’enfant