Entre-t-on dans l'ère post-nationale ?
Introduction : . Ernest Renan faisait reposer le concept de nation à la fois sur l’idée d’une « possession en commun d’un riche legs de souvenirs » et sur « le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de faire valoir l’héritage que l’on a reçu indivis ». Mais déjà en 1882, lorsqu’il publie son ouvrage, il choisit d’insister sur l’ancrage historique du concept national : celui-ci n’est devenu un modèle de système politique qu’au cours des derniers siècles dans les sociétés occidentales et, en même temps qu’il constate son émergence, il envisage déjà son dépassement : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. » Il ajoute même « La confédération européenne, probablement, les remplacera ». A l’heure où l’Union européenne est en quête d’une véritable intégration politique, cette déclaration, pourtant vieille de plus d’un siècle, semble avoir quelque chose de prophétique. Si le XXe siècle a été caractérisé par l’avènement des Etats-nations, les idéologies nationalistes qui le portaient, poussées aux extrêmes, ont eut des conséquences désastreuses et conduit à une méfiance vis-à-vis du concept national lui-même. Sommes-nous alors entrés dans cette phase de recul de la nation que prévoyait Renan ? L’évolution des systèmes politiques au XXIe siècle sonne-t-elle le glas du nationalisme, le début d’une ère « postnationale » ? Nous verrons que si le modèle de l’Etat-nation est véritablement remis en cause par les évolutions contemporaines, le nationalisme reste pour l’instant un élément indépassable dans la fondation des communautés politiques.
I - La remise en cause du modèle de l’Etat-nation.
1) L’Etat-nation à l’épreuve de la mondialisation et de la régionalisation
a. Des Etats-nations de moins en moins fonctionnels dans un contexte de mondialisation. Avec la mondialisation, on a vu l’essor de nouveaux moyens de transports, de nouveaux médias : la