epiteme berthelot
La sociologie des sciences de Jean-Michel Berthelot. A propos de L’Emprise du vrai. Connaissance scientifique et modernité, Paris, PUF, 2008.
halshs-00479823, version 1 - 2 May 2010
Dominique Raynaud
La science a été l’un des thèmes centraux de l’œuvre de Jean-Michel Berthelot, qu’il a abordé, armé d’une double culture philosophique et sociologique, d’abord comme épistémologue de la sociologie, ensuite comme sociologue des sciences.
Chronologiquement, Jean-Michel Berthelot s’est d’abord intéressé à l’épistémologie de la sociologie, par des contributions portant sur le raisonnement expérimental, la causalité, les exigences de correspondance et de cohérence, l’administration de la preuve ou la critique rationnelle des programmes de recherche1 . Orienté par cette matrice analytique, l’auteur a ensuite ouvert ses enquêtes à d’autres disciplines et à la connaissance scientifique en général. C’est par cette voie qu’il a abordé la sociologie des sciences, à laquelle il a activement contribué durant les dix dernières années de sa vie2 .
On trouve dans L’Emprise du vrai la même indépendance d’esprit, la même exigence et la même rigueur qui caractérisent la plupart de ses œuvres. Mais on y trouve aussi deux nouveautés : 1° une réflexion croisée plus intense entre épistémologie et sociologie des sciences, qui s’inscrit dans le sillage d’un article antérieur, intitulé « Épistémologie et sociologie de la connaissance scientifique » ; 2° un souci d’économie rarement égalé. On doit à Jean-Christophe
Marcel d’avoir mené à bien la publication de ce livre, dont la rédaction était achevée mais dont les références bibliographiques n’étaient pas complètes3 .
L’Emprise du vrai défend un programme rationaliste en sociologie des sciences, étranger aux accusations fréquentes de passéisme ou d’idéalisme qu’essuie cette position, et qui paraît à bien des égards être une application du «