VÉRITÉ Alors même qu'il s'efforce de le restituer avec fidélité, le vrai n'est pourtant pas le réel. Tandis que la réalité est par définition indépendante de l'homme, la vérité est toujours de l'ordre du discours ou encore de la représentation. Préoccupation essentielle de la recherche philosophique, la vérité n'est donc ni un fait, ni un donné. Au contraire, elle doit toujours être recherchée. Nous sommes alors renvoyés au problème de ses conditions d'accès, et à celui des critères du jugement vrai. La vérité constitue également une exigence ou encore une valeur. -La recherche de la vérité en question Le projet de recherche de la vérité est constitutif de la réflexion philosophique, et c'est par lui que, dès l'origine, celle-ci s'est définie dans la Grèce antique. La philosophie de Platon* illustre à merveille la triple idée autour de laquelle se formule le projet de vérité. 1. Ce projet a un sens: l'effort de l'esprit humain pour parvenir à une authentique vérité peut être couronné de succès. 2. Une vérité n'est telle que si celui qui l'énonce ne répète pas comme un perroquet un savoir étranger. Tel est le sens de la maïeutique* de Socrate*: on n'enseigne pas la vérité comme on remplirait un vase vide; connaître la vérité, c'est, par un véritable "accouchement de l'esprit" (maïeutique), la retrouver comme au fond de soi, c'est-à-dire se l'approprier. 3. La vérité se définit par sa permanence et son universalité, et en cela ne doit nullement se confondre avec la relativité et l'inconstance des opinions humaines. Il faut donc distinguer vérité et connaissance. Ce qui est vrai aujourd'hui le sera demain et toujours -et l'est pour tous- ou ce n'est pas, à proprement parler, une vérité. Ce n'est donc pas parce que la variabilité des opinions est un fait qu'une vérité objective et universelle est impossible. Ce qui est impossible, au contraire, c'est d'affirmer "à chacun sa vérité", puisqu'on l'affirme... comme une vérité. Cela n'empêche pas qu'on puisse légitimement