ESTHETIQUE DE LA LUMIERE
Dans Art et beauté dans l’esthétique médiévale, d’Umberto Eco.
Au Moyen Âge, la théorie selon laquelle la beauté réside dans les proportions est très répandue. Cette théorie admet que le divin se trouve dans la proportion. C'est-à-dire que l’unicité de Dieu et la perfection de l’Un doivent se traduire dans les proportions mathématiques. C’est dans cet environnement que naît une contradiction : faut-il préférer une esthétique de la quantité ou une esthétique de la qualité ? L’esthétique de la qualité est le sujet de ce chapitre. Elle se traduit par un goût prononcé pour la couleur et la lumière. C’est ici un aspect sensible de la réalité, puisque cette sensibilité implique la simplicité, la spontanéité, l’indépendance, etc.
Dans l’art médiéval, l’utilisation de la couleur se fait par juxtaposition de couleurs nettes et élémentaires. On ne trouve aucune ambigüité, aucun mélange ni aucune ombre. Car l’un des fondements de cette esthétique est en effet que la couleur illumine, plutôt que d’être elle-même éclairée. Le résultat maximal de cette esthétique, le fait remarquer Suger, n’est autre que le vitrail gothique.
Il y a donc au Moyen Age un tel engouement pour la couleur qu’on le retrouve partout : dans la poésie, dans la littérature, l’architecture, et même au quotidien dans la décoration, les habits, etc. Des théoriciens vont d’ailleurs se pencher sur la question, et établir des références quant à la couleur en tant que coefficient de beauté. Tous ne seront pas d’accord, mais en revanche ils s’accordent tous sur la beauté suprême de la lumière pure. On parle de splendeur pure dan la poésie par exemple, ou de fil conducteur dans la conception des cathédrales gothiques.
Mais au XIIIème siècle, la scolastique va se pencher sur les deux conceptions de la beauté, c'est-à-dire celle de la qualité et celle de la quantité et essayer de les concilier.
L’idée unificatrice est la suivante : la lumière est la proportion