Etude de germinal
Tout roman zolien est écriture d'une crise et il prend toujours l'histoire qu'il va raconter (c'est le principe de la tragédie classique), au plus près du déclenchement de la crise. Ce qui permet, des effets de concentration maximum des effets dramatiques. mais la crise chez Zola, est une crise double : c'est une crise au sein de l'individu - c'est une crise au sein du social.
Crise au sein de l'individu : voilà pourquoi Etienne Lantier est un personnage parfaitement zolien, puisque d'une part, il devient le prophète de mineurs et d'autre part, il est sourdement menacé par son hérédité alcoolique. D'où des comportements déviants, d'où des actes fous, d'où des pulsions de meurtre. le personnage zolien est intéressant parce qu'il a une fêlure, mais cette fêlure vient de son hérédité alcoolique. Le frère d'Etienne Lantier, sachant très bien qu'il a une hérédité alcoolique chargée, il ne touche jamais à une goutte d'alccol ; cela ne l'empêche pas de tuer dans une crise de folie, il est hanté parce qu'il est capable, parce qu'il se sait capable de faire, en raison de cette folie congénitale. Donc vous allez avoir la conjonction de cette crise de l'individu qui attend toujours, dans les romans de Zola, pour se manifester, et de la crise sociale qui est cette fois la fêlure du corps social. C'est la grande tendance du XIXème siècle. Dès lors que le roman français, disons pour faire vite, depuis Balzac, a pris à son compte l'ambition de rendre compte de la totalité d'une société, il l'a fait, non pas uniquement dans des intentions descriptives, énumératives, statistiques, il l'a fait aussi pour rendre compte d'une déstabilisation dont les origines variables sont très souvent rapportées à la révolution française. même dans des romans où il n'en est absolument pas question. Tout simplement parce que c'est le référent obligé. Or, de la révolution française, le XIXème siècle, se rend de plus en plus compte qu'elle n'a pas été un