Eugène ionesco - la leçon
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Après la seconde guerre mondiale, dans les années 1950, apparaît un nouveau mouvement littéraire qu’il est convenu d’appeler l’absurde. Des auteurs comme Sartre, Camus, Beckett, Ionesco, remettent en cause la tradition humaniste pour postuler, s’inspirant des conceptions philosophiques de l’existentialisme, que notre présence sur terre n’a pas de sens. Dans le domaine du théâtre, ce mouvement portera l’absurde plus loin, en lui faisant saper les fondements mêmes du langage et en remettant en cause les conventions théâtrales héritées du classicisme (dont ils conservent cependant souvent l’unité de lieu et de temps), à savoir la dimension moralisante du théâtre et la recherche d’une illusion de réel qui entretient une connivence entre la scène et la salle. Parmi les auteurs de ce théâtre de l’absurde, l’un des plus reconnus est sans doute Eugène Ionesco . Né à Slatina en Roumanie (en 1909 ou 1912) et mort à Paris en 1994, cet auteur a écrit des essais, un roman, mais surtout de nombreuses pièces de théâtre dont La Cantatrice chauve (1950), Les chaises (1951), Rhinocéros (1957) ou encore Le roi se meurt (1962), qui toutes connaîtront un grand succès, malgré des débuts difficiles pour leur auteur dont le propos choque volontiers. Parmi les pièces les plus provocatrices, il faut compter sans conteste avec La Leçon , écrite en 1950 et créée en 1951. La pièce met en scène dans un huis-clos trois personnages, un vieux professeur, sa bonne et une jeune élève. L’élève suit auprès du vieil homme un cours qui se révèlera de plus en plus étrange. Elle éprouve des difficultés croissantes, ce qui, malgré les admonestations sans grand effet de la bonne, rendra le professeur de plus en plus nerveux, au point qu’il finira par tuer la jeune fille, qui s’avère être sa quarantième victime de la journée. Le cours commence par une leçon de géographie, puis suivent l’arithmétique et la philologie linguistique . C’est pendant cette leçon de philologie que l’élève, sous la férule de plus