Eugénie Grandet
Au début du 5ème chapitre de l’édition originale, « Chagrins de famille ». La scène se déroule le matin du jour de l’An 1820, à lafin du déjeuner, dans la salle à manger. Eugénie et sa mère redoutent le terrible moment où Grandet va, selon la tradition familiale, demander à sa fille de « voir son or ». Au début de la scène, lesquatre personnages principaux sont réunis –Eugénie avec son père, sa mère et Nanon – puis Eugénie restera seule, face à son père. A la fin de la scène, Eugénie est mise en pénitence dans sa chambre,au pain et à l’eau. Comme souvent dans les romans de Balzac, cette scène est en écho avec une autre : la scène de la levée de la punition (pp.234-238) qui a lieu six mois après, un matin dejuin, où le père découvre le nécessaire de toilette confié par Charles à sa cousine en échange de son or. La « coutume » du douzain présenté au père avait été expliquée au début du roman, p.83-84.Intérêt du passage :
Cette scène, appelée "la scène du douzain", est à considérer comme le levier de l’intrigue du roman : nous avons affaire à un drame de la vie privée, une constante des romansbalzaciens, puisque c’est à partir de ce moment que l’action va avancer vers la mort de madame puis de monsieur Grandet, et la vie du personnage éponyme aura pour seul rythme l’attente du retour deCharles, son cousin. Quelques pages avant, Balzac annonce que va se dérouler une « tragédie bourgeoise sans poison, ni poignard, ni sang répandu » (p.213), et il compare la famille Grandet à« l’illustre famille des Atrides » : il nous amène ainsi à une relecture où Saumur = Mycènes, Grandet = Agamemnon et Eugénie = Electre… Ces références suggérées par l’auteur ne sont-elles