Eugénit Grandet
Elle n'apparaît que dans Eugénie Grandet, (1833), mais elle représente un type original qui a inspiré La Demoiselle à Ivo Andrić1, et que Fiodor Dostoïevski a traduit en russe. Il y a puisé l'inspiration pour l'univers de son premier roman Les Pauvres Gens2.
Eugénie n'est pas d'un naturel avare, mais elle va devenir âpre au gain insensiblement en suivant l'exemple de son père. Ce glissement de l'innocence au calcul, de la générosité à l'art d'entasser, lui vient aussi d'une déception amoureuse : Charles Grandet, son cousin avec lequel ils s'étaient juré fidélité éternelle, a oublié sa promesse alors qu'il était obligé de s'expatrier pour faire fortune.
Charles revient fortune faite, mais se marie avec une comtesse.
Eugénie tout d'abord affronte son père en refusant de lui dire à qui elle a donné son douzain3, et elle se retrouve séquestrée sous bonne garde de Nanon. Puis, lorsque sa mère meurt, elle abandonne au vieux Grandet sa part d'héritage. L'argent ne l'intéresse pas. Mais, insensiblement, son père l'amène à s'intéresser à ses possessions, à la gestion de sa fortune, et lorsqu'elle reçoit une lettre de Charles qui lui annonce son mariage, elle décide d'épouser Bonfons Cruchot qui est devenu monsieur le président Cruchot de Bonfons.
Veuve à trente trois ans, Eugénie est à la tête d'une immense fortune et le marquis de Froidfond lui fait la cour. Dans une deuxième version d'Eugénie Grandet, Balzac en fait effectivement une marquise, femme vertueuse et charitable qui va vivre à Paris et assure l'avenir de la fille de son deuxième mari.
Le troisième remaniement du roman, proche de la version actuelle, laisse planer le doute sur ce second mariage à la fin du roman ; citation exacte