L’expression « œuvre d’art » est très souvent utilisée à tort pour désigner tous types d’objets. Cependant, pourquoi peut-on qualifier une sculpture d’œuvre d’art, et pas un téléviseur ? Ces deux objets peuvent pourtant être appelés « œuvre d’art » selon le point de vue que l’on prend. Dès lors, qu’est-ce qui permet de distinguer une œuvre d’art d’autre chose ? Alain, dans son Système des Beaux-Arts, nous apporte une première réponse, en distinguant notamment l’artiste de l’artisan. Pour celui-ci, une œuvre d’art se distingue d’un objet produit en industrie. Cependant, les deux sont caractérisés par une certaine maîtrise technique. Dès lors, l’habileté technique suffit-elle à définir une œuvre d’art ? Qu’est-ce qui permet de dire que quelque chose est beau ou ne l’est pas ? Pour Alain, l’œuvre d’art doit être pensée en fonction de la création, et non de l’intelligence pratique. Celui-ci affirme que « la règle du Beau n’apparaît que dans l’œuvre et y reste prise, en sorte qu’elle ne peut servir jamais, d’aucune manière, à faire une autre œuvre. ». Alain affirme donc que ce qui prime dans une œuvre d’art, ce n’est pas sa forme ou sa fin, mais la manière d’y parvenir. Après avoir distingué le concept d’artiste et d’artisan, Alain se propose de déterminer l’essence d’une œuvre d’art. Alain introduit le concept d’artisan, et ce afin de distinguer l’œuvre d’art d’un objet matériel. En ceci, il expose sa thèse d’emblée : « Toutes les fois que l’idée précède et règle l’exécution, c’est industrie » (l.1-2). Il sous-entend que l’objet issu de l’industrie est caractérisé par le fait que son essence est préalablement connue. La conception d’un objet industriel passe par le raisonnement, comme l’indique le terme « idée » : on détermine ce qui compose l’objet final puis il est conçu. La première phrase utilisée par Alain : « Il reste à dire en quoi l’artiste diffère de l’artisan » (l.1) sous-entend que l’œuvre d’art n’est pas caractérisée par la connaissance préalable de