Explication de texte
A- Le concept d’inconscient.
1) L’idée qu’une partie de notre psychisme échappe à la conscience n’est pas nouvelle, et elle est même "dans l’air" à la fin du XIXe siècle :
a) Leibniz et les petites perceptions (Nouveaux Essais, Préface, pp.41-42)
Avant Freud, certains philosophes avaient déjà montré que la représentation cartésienne du psychisme humain était insuffisante.
Pour Descartes, l'esprit s'identifiait avec la conscience, avec la pensée claire et distincte. On pouvait avoir accès, par la conscience, à tout ce qui se passe en nous, sans possibilité d'erreur (cf. fait que le malin génie ne pouvait nous tromper concernant tout ce qui se passe dans notre esprit).
Dès le 17e, un contemporain de Descartes, Leibniz, a répondu à Descartes que cette conception du psychisme humain n'est pas valide, et est insuffisante. Pour Leibniz, contrairement à Descartes, on ne peut pas rendre compte du psychisme, et même du comportement en général, sans reconnaître l'existence de pensées inconscientes.
Sa thèse va être que l'on n'a pas accès (ou conscience de) à tout ce qui se passe en nous. La pensée n'est pas toujours pensée consciente : nous pensons toujours mais nous n'avons pas conscience de toutes nos pensées.
Leibniz, Nouveaux-Essais, Préface, pp.41-42, Les petites perceptions.
"D'ailleurs il y a des marques qui nous font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et réflexion, ie, des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que ces impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre, ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais, jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage. C'est ainsi que la coutume fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d'un moulin ou à une chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès