Exposé
Article publié dans Sociétal, numéro 50, 4ème trimestre 2005, dans le cadre d’un dossier sur « le rôle social de l’économiste » par Geneviève Azam et Dominique Plihon, Membres du conseil scientifique d’Attac ; respectivement professeurs d’économie aux Universités de Toulouse-Montmirail et de Paris-Nord.
________________________________________
La globalisation économique, qui tient lieu aujourd’hui de projet de société, le poids de l’économie sur les représentations sociales et la définition même de la science économique « comme science de l’action humaine au sens le plus large possible » [1], la multiplication de l’expertise économique, confèrent à l’économiste une place particulière dans la société. » En effet, l’économiste est à la fois celui qui produit du savoir « économique » et des croyances [2] à l’intérieur d’équipes de recherche souvent financées par des contrats avec des entreprises, celui qui éclaire et légitime les choix des institutions nationales ou internationales, l’expert salarié des grandes sociétés ou encore l’expert qui s’exprime dans les mass media pour expliquer les mouvements économiques. Bien sûr ces places requièrent des postures différentes. Néanmoins, elles s’appuient toutes et se construisent sur la référence explicite ou implicite à la science économique comme science caractérisée par la neutralité axiologique et politique, comme science de l’administration des moyens rares.
Ainsi, alors que les économistes sont convoqués comme experts par les institutions publiques, nationales et internationales, alors qu’ils concourent à la décision et aux choix, leur responsabilité n’est jamais engagée dans l’évaluation des conséquences économiques, sociales, écologiques, politiques, des décisions et des choix qu’ils ont préconisés.
Et pourtant, les conséquences induites par des choix élaborés par des cercles d’économistes peuvent s’avérer