Extrait de madame bovary
(sur la médiocrité de Charles Bovary)
Charles Bovary apparaît dans cette scène comme un être faible. En effet, il s’avère dépourvu de ressources pour affronter une situation nouvelle. Dès son apparition, pendant que le proviseur le présente au professeur, il « [reste] dans l’angle, derrière la porte, si bien qu’on l’aper[çoit] à peine » (l. 12-13). Visiblement intimidé, il n’ose faire face à la classe. Plus tard, lorsque le professeur lui demande de se lever, on assiste à une scène comique qui illustre bien que Charles, d’une maladresse pitoyable, a perdu tous ses moyens. Finalement, excédé par son propre bredouillement et les huées des autres élèves, il hurle son nom, incompréhensible : « Charbovari. » (l. 69) Ses capacités intellectuelles semblent également limitées. C’est du moins ce que sous-entendent les propos du proviseur : « […] si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l’appelle son âge. » (l. 9-11) Ainsi, avant même qu’il ait prononcé un seul mot, on le marque du sceau de l’infériorité. Celle-ci est d’ailleurs accentuée par le contraste qui existe entre lui et les autres élèves. Non seulement est-il plus vieux qu’eux, mais il ne connaît pas leurs usages. Par exemple, « soit qu’il n’[a] pas remarqué [la] manœuvre [des élèves] ou qu’il n’[a] osé s’y soumettre, […] le nouveau [tient] encore sa casquette sur ses deux genoux » (l. 34-36), contrairement aux autres garçons, dont il n’a pas compris « le genre » (l. 33). Ce dernier mot, en italique dans le texte, appartient de toute évidence au jargon des élèves, que Charles ne possède pas non plus. Bref, tout chez le nouvel élève trahit sa faiblesse qui, loin d’être touchante, atteste sa médiocrité. (280