Facteur religieux-relations internationalesv
Jean-François MAYER
Chargé de cours à l'Université de Fribourg Rédacteur en chef de Religioscope
Études et analyses – N° 8 – Août 2005
URL : http://religion.info/pdf/2005_08_theopol.pdf
© 2005 Jean-François Mayer
Après avoir été, durant des années, exilés de la plupart des analyses des relations internationales, les facteurs religieux y font depuis quelque temps retour, même si l'intérêt se concentre souvent sur les thèmes à la une des médias: religions et choc des civilisations, rôle des croyances dans les conflits, place de l'islam. Ces sujets ne recouvrent cependant qu'une partie du champ qui nous intéresse. Le débat autour de la référence à l'héritage religieux de l'Europe dans le préambule de la future Constitution européenne – un document dont l'avenir s'accompagne maintenant de quelques points d'interrogation – a mis en évidence tant la sécularisation sur un continent qui est certes le plus touché par ce développement1 que la pérennité des facteurs religieux. D'une part, aucun Etat n'est allé jusqu'à refuser la Constitution à cause de l'absence de référence à Dieu et aux racines chrétiennes de l'Europe; si ces questions ont été débattues, l'on ne saurait dire qu'elles furent au centre des discussions, à l'exception de quelques milieux très sensibles au sujet; même si cela a pu influencer certains votes négatifs en France et aux Pays-Bas, ce n'en fut pas la raison majeure. D'autre part, malgré le refus d'une invocatio Dei ou d'une référence explicite au christianisme, la Constitution instituait un "dialogue ouvert, transparent et régulier" avec les Eglises (ainsi que les organisations philosophiques et non confessionnelles, c'est-à-dire les groupes laïcs et maçonniques). Aucun autre type d'association n'avait droit à un tel traitement. Cela montre que les facteurs religieux ne sont pas encore relégués aux oubliettes et que les Eglises peuvent jouer occuper une place qui