fait divers
[Introduction]
Demandant à une personne un tant soit peu cultivée si elle lit les faits divers dans la presse, on peut s'attendre à une réponse négative. C'est à croire que le sujet est presque tabou chez de nombreux lecteurs qui relèguent au dernier rang cette rubrique. Mais entre ce qu'ils déclarent et la réalité, il y a certainement de quoi s'interroger. En fait, de nombreuses études montrent que la plupart des lecteurs et des téléspectateurs s'intéressent aux faits divers. Mais peut-être pas toujours pour les mêmes raisons ; si certains trouvent un plaisir morbide à lire les potins du pays, d'autres, comme les auteurs de « polars », en tirent un profit intellectuel et même, osons le mot, philosophique. Voyons ces deux approches.
[I - Une approche malsaine]
Vu au premier degré, le fait divers est plutôt malsain, car il s’adresse à ce qu'il y a de plus bas en nous. Il repose sur un instinct de curiosité quasi universel ; il peut ainsi être conçu comme la mise en scène de la cruauté.
[1. L'instinct morbide est une constante quasi universelle]
Il faut bien constater que la curiosité morbide est pratiquement une constante de l'humanité, dans le temps comme dans l'espace. On voit un avaleur de feu ou un artiste de cirque avec cette petit idée inconsciente qu'il pourrait périr sous nos yeux. De même, l'attrait pour les exécutions capitales, qui se définit comme un désir et un dégoût sublimé, montre que les hommes sont curieux de la mort, qu'ils aiment à se faire peur en se projetant dans les héros ou les victimes du spectacle. Le fait divers est, à cet égard, l'illustration même de ce phénomène. Quoi qu'en disent les lecteurs, les statistiques sont formelles ils lisent par ordre de préférence ce qui concerne les grands sinistres, les accidents d'avion ou de la route, puis les crimes, les affaires de mœurs et les divorces. Un simple micro-trottoir nous apprendrait rapidement que les noms des deux accusatrices du Président Clinton