Fatalisme et déterminisme
« Une dialectique de la raison découle de ce qui précède, puisque eu égard à la volonté, la liberté qui l’accompagne semble entrer en contradiction avec la nécessité naturelle et qu’à cette croisée des chemins, la raison dans son intention spéculative trouve le chemin de la nécessité naturelle beaucoup mieux ouvert et plus viable que celui de la liberté. Néanmoins, dans l’intention pratique, le sentier de la liberté est le seul sur lequel il soit possible de faire usage de sa raison dans notre conduite. C’est pourquoi il est également impossible à la philosophie la plus subtile et à la raison humaine la plus commune de chasser la liberté par des ratiocinations. » Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.
La notion de liberté est, chez les Grecs, étroitement liée à celle de fatalité. Le Destin est le représentant de cette fatalité ; il gouverne le cours des évènements ; ceux-ci sont prédéterminés et prennent place dans un ordre cosmique auquel rien n’échappe (pas même les dieux). Les stoïciens élaborent philosophiquement ce thème (déjà extrêmement présent dans la culture grecque, notamment dans la tragédie) en en faisant le pilier de leur physique (qui est l’une des trois parties de la philosophie, avec la logique et l’éthique). Les stoïciens n’abandonnent pas pour autant la question de la liberté, tout au contraire. Il faut distinguer les causes « auxiliaires et prochaines » et les causes « parfaites et principales ». Les premières sont les causes externes qui régissent l’ordre du monde ; elles représentent le destin. Les secondes sont les causes internes et relèvent de la spontanéité. Un exemple de Chrysippe permettra de mieux comprendre cette distinction. Pour qu’un cylindre soit mis en mouvement, il faut qu’une impulsion lui soit donnée de l’extérieur (causes auxiliaire), mais son mouvement, sa trajectoire, dépendent de sa forme même (cause parfaite). Il en va de même dans l’action morale : les actes