Une œuvre d’art est définie de manière quelque peu vulgarisée comme un objet ou une création artistique ou esthétique, élément en général conçu par un artiste. Seulement, nous sommes bien nombreux à ne rien ressentir, sinon perplexité, face à une nature morte par exemple. « Mais quelle est donc la signification de deux oranges grossièrement posées aux cotés d’une théière ? », est-on tenté de s’interroger, question à laquelle un public averti ne saurait répondre, consterné devant tant d’ignorance. La recette miracle pour être capable d’apprécier une œuvre serait alors de confronter à l’ignorance son opposé : le savoir, et donc la culture. Mais alors, quel phénomène permet tout de même au triste ignorant de s’émerveiller devant certaines œuvres d’art ? À quel degré la culture, pourtant bien une aide précieuse à la compréhension de l’art, va-t-elle intervenir dans le jugement d’une œuvre, et donc son appréciation ou non ? Il convient en réalité de se demander s’il faut être cultivé pour apprécier une œuvre d’art. La culture désigne dans son ensemble tout ce qui est différent de la nature, et regroupe les connaissances, les phénomènes, les signes particuliers ou les traditions que l’on sait propres à chacun : il contient donc une forme d’universalité. Mais en parallèle, l’appréciation d’un objet appelle le goût pour celui-ci, autrement dit la manifestation d’un sentiment naturel et personnel à l’égard d’un objet. Dans ce cas, n’est-il pas contradictoire de se reposer sur la culture, c’est-à-dire ce qui est de l’ordre de l’acquis, pour être en mesure d’apprécier une œuvre, autrement dit de faire naître une perception esthétique de façon innée ? Afin d’apporter des réponses à ces questions, nous verrons dans un premier temps que la beauté d’une œuvre est parfaitement indépendante des codes régis par la culture. Toutefois, devant la complexité du langage artistique, nous nous intéresserons à la nécessité de la culture en vue de la compréhension d’une œuvre. Enfin,