Femmes dans Lorenzaccio
Les femmes sont peu représentées dans ce drame romantique mais pourtant elles sont à la genèse de l’œuvre et ont contribué à son succès. En effet, Lorenzaccio est à l’origine une œuvre de la maîtresse de George Sand, écrite sans doute entre 1830-1831. Elle ne publie pas son manuscrit mais le donne à Musset. Celui-ci reprend une vingtaine de répliques et étoffe considérablement la trame narrative de George Sand qui faisait du meurtre d’Alexandre une intrigue de palais resserrée sur quelques heures. Paradoxalement pour Musset cette pièce de théâtre n’est pas destinée à être jouée et elle ne sera pas tardivement portée à la scène grâce à une femme. Ainsi, Sarah Bernhardt, grande actrice du XIXème siècle rêve d’endosser le rôle de Lorenzaccio. Elle demande à Armand d’Artois d’adapter le texte pour la scène et celui-ci opère de larges coupes, jusqu’à supprimer l’acte V. Sarah Bernhardt s’occupe de la mise en scène et fait représenter la pièce le 3 décembre 1896, au théâtre de la Renaissance. C’est un succès et dans les mises en scène suivantes, ce sont encore des femmes qui tiennent le rôle de Lorenzaccio, il faut attendre 1952 pour qu’un homme se voit confier le rôle de Lorenzaccio, il s’agira de Gérard Philippe. Ainsi, ce sont les femmes qui sont à l’origine de la pérennité de la pièce alors que ce sont les personnages les moins représentés sur scène et jouent un rôle moins important que les hommes. Par conséquent, nous pouvons nous interroger sur leur rôle dans ce drame romantique ? Nous étudierons tout d’abord la discrétion de leur présence, puis leur rôle dramatique et leur fonction symbolique.
Il est à noter que l’absence de personnage féminin d’envergure est liée à l’intrigue de la pièce qui se focalise sur la politique. Ce constat peut être fait dès la lecture de la liste des personnages où les femmes sont reléguées à la fin alors que les personnages masculins sont regroupés par famille comme le veut la tradition dans le théâtre