Jean de La Bruyère, auteur de la seconde moitié du XVIIe siècle, se confond avec l'oeuvre de sa vie, Les Caractères, qu'il n'a pas arrêté de retoucher, de
1688 à 1696. La France est alors sous le règne de Louis XIV, le Roi Soleil. La
Bruyère, dans son ouvrage, dresse le portrait de la société bourgeoise dans laquelle il vit, en dénonçant les attitudes excessives de plusieurs personnages. Dans le livre 11, intitulé "De l'Homme", c'est le caractère de l'égoïste Gnathon qui est étudié.

Problématique : En quoi le portrait de Gnathon est-il satirique ?
Nous verrons dans un premier temps que Gnathon apparaît comme un être répugnant, avant d'étudier ensuite son égocentrisme. Enfin, nous observerons comment le portrait prend une dimension générale.

I/ Un être qui suscite le dégout
1. Un goinfre
- Gnathon = "mâchoire" en grec
-champ lexical de la nourriture et de la table : "repas", "mets", "plats",
"service", "viandes", "appétit", "restes", "jus", "sauces", "ragoût", "nape"
- répétition des termes "table" (3 fois) et "manger" (5 fois !)
- empressement en mangeant : "il ne s'attache à aucun des mets"
-lexique des mauvaises manières du personnages : mange avec les mains, fait couler les sauces partout et manque totalement de discrétion : « il mange haut et avec grand bruit »
-Le superlatif : »capables d’ôter l’appétit aux plus affamés »
- accumulation de verbes ("il manie les viandes, les remanie, démembre, déchire") => rapidité de Gnathon à s'emparer de la nourriture
-« curer les dents »= normalement fin du repas mais « et »—>continue à manger 2. Un homme sans gêne ni scrupule
-s’approprie tout ce qui l’entoure : champ lexical de la possession+répétition de « propre »—> se comporte presque en voleur,
-exige pour lui-même ce qu'il y a de mieux : l'adjectif ordinal « la première place », la négation exceptive : « il n'y a […] que les places du fond qui lui conviennent » et la répétition du superlatif : « il sait toujours se conserver dans la meilleure chambre le meilleur