Finance islamique
La finance islamique dans le contexte de la crise financière : opportunités et défis
Finance. Note de Farid Masmoudi & Tarik Belabed* pour capmena, mars 2010
« Le temps est un bien accordé par Dieu ; il ne faut pas tirer profit de son écoulement », Saint-Thomas d’Aquin (XIIIe siècle). La crise financière entraîne une prise de recul sur les pratiques actuelles de la finance conventionnelle. Les praticiens, les universitaires ou encore les politiques ont, chacun avec leur propre regard et connaissance des problématiques à l’œuvre, tenté d’apporter, à défaut de réponses, au moins un diagnostic de ce qui a pu provoquer un tel désastre. Certains recherches universitaires publiées dans la presse économique sont allées parfois jusqu’à discuter les postulats ou conclusions de la théorie financière1 tenus pour acquis. C’est le cas notamment en ce qui concerne le calcul stochastique appliqué à la finance, discipline centrale dans la compréhension et dans le fonctionnement des marchés boursiers 2, et enseignée dans tout cursus de finance de marché. C’est dans ce contexte de doute sur le mode de fonctionnement traditionnel des marchés financiers que la finance islamique est apparue aux yeux de certains, comme une curiosité exotique digne d’intérêt, pour d’autres comme un relais de croissance et de liquidité3 pour des économies et des marchés financiers conventionnels en proie aux conséquences de la crise des subprimes depuis l’été 2007. Cette finance, aux pratiques pour le moment encore méconnues dans les économies de l’OCDE, a démontré une certaine solidité qui n’a fait que susciter davantage d’égards à son endroit4. À l’heure où l’on reproche à certains produits structurés d’avoir été totalement déconnectés de leurs actifs sous-jacents en termes d’appréciation du risque, conduisant ainsi des banques à investir massivement dans des produits risqués mais très rémunérateurs, il est intéressant de relever qu’un des principes fondamentaux de la finance islamique est