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COURS D’INTRODUCTION (II) L’ORIGINE DU MAL
Introduction : les enjeux de l’origine du mal.
Il n’est pas étonnant que les mythes, jusqu’aux plus anciens connus, fassent tous une part au mal : existence d’un mal cosmique lié à la création du monde, faute des premiers hommes, faute de Prométhée ou de Pandore chez les Grecs, surgissement de la mort et de l’angoisse dans l’Epopée de Gilgamesh… etc. Le mythe se donnant comme une forme de récit étiologique, d’explication — sans dimension rationnelle — du monde dans lequel l’homme s’inscrit ; aussi les mythes visent-ils à fonder une origine et/ou une essence du mal, à en expliquer le scandale en remontant à sa naissance. Alors que les mythes, notamment ceux du mal, sont à l’origine des civilisations humaines, on peut remarquer, à l’intérieur de ces corpus mythiques, que les mythes dévolus à la question du mal sont presque toujours primordiaux : le mal s’invite dans le mythe soit dès de la création du monde, soit dès les débuts de l’espèce humaine. C’est dire que le mal n’est jamais vraiment un simple accident dans la pensée mythique puis philosophique. Le mal est souvent à la racine de l’homme et des mythes, de même qu’il a fondé indirectement la philosophie au travers de la question du souverain bien, du bien à rechercher. Poser la question de l’origine du mal, c’est déjà tenter de circonscrire le mal, d’en comprendre — si tant est qu’elle existe — la logique de son existence, les conditions de son émergence. Aussi les récits et les raisonnements sur l’origine du mal répondent à un faisceau de volontés mêlées mais divergentes : - Prévenir le retour du mal : la première fonction des mythes du mal peut sembler morale ; raconter comment le mal advient c’est déjà tenter de conscientiser les hommes, de se prémunir du retour du mal. Il s’agit dans le mythe, au travers de l’anecdote, de discerner la mise en garde contre les formes du mal. - Résoudre l’énigme de