Galilée
Race de Caïn, dans la fangeRampe et meurs misérablement.
Race d'Abel, ton sacrificeFlatte le nez du Séraphin!
Race de Caïn, ton suppliceAura-t-il jamais une fin?
Race d'Abel, vois tes semaillesEt ton bétail venir à bien;
Race de Caïn, tes entraillesHurlent la faim comme un vieux chien.
Race d'Abel, chauffe ton ventreÀ ton foyer patriarcal;
Race de Caïn, dans ton antreTremble de froid, pauvre chacal!
Race d'Abel, aime et pullule!Ton or fait aussi des petits.
Race de Caïn, coeur qui brûle,Prends garde à ces grands appétits.
Race d'Abel, tu crois et broutesComme les punaises des bois!
Race de Caïn, sur les routesTraîne ta famille aux abois.
Ah! race d'Abel, ta charogneEngraissera le sol fumant!
Race de Caïn, ta besogneN'est pas faite suffisamment;
Race d'Abel, voici ta honte:Le fer est vaincu par l'épieu!
Race de Caïn, au ciel monte,
Et sur la terre jette Dieu!
Les Litanies de Satan Ô toi, le plus savant et le plus beau des Anges,Dieu trahi par le sort et privé de louanges,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!
Ô Prince de l'exil, à qui l'on a fait tortEt qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!
Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines,
Guérisseur familier des angoisses humaines,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!
Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits,Enseignes par l'amour le goût du Paradis,
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!
Ô toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante,Engendras l'Espérance, — une folle charmante!
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!
Toi qui fais au proscrit ce regard calme et hautQui damne tout un peuple autour d'un échafaud.
Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!
Toi qui sais en quels coins des terres envieusesLe Dieu jaloux cacha les