Geopolitique du petrole
La crise libyenne rallume la poudrière du Sahel
Par Jérôme Saglio - 20/02/2012
Le chaos de l’après-Kadhafi fait tache d’huile dans les pays du Sahel, Mali en tête. Partis avec armes et bagages, des mercenaires de l’armée libyenne sont venus prêter main-forte à leurs frères touaregs en lutte contre Bamako. Le réseau terroriste Aqmi, lui, se renforce dans tout l’arc sahélien. Image satellite de feux de brousse au Sahel, 2002 (NASA).
« Si la barbe de ton voisin prend feu, verse de l’eau sur la tienne », dit un proverbe sahélien. Un an après le début de la révolte à Benghazi, c’est toute la région au sud-ouest de la Libye qui, faute d’avoir anticipé l’alerte, recherche désespérement un moyen d’éteindre l’incendie. La chute du maître de Tripoli a destabilisé un équilibre régional précaire et soufflé sur les braises de plusieurs minifoyers de conflits qui, du Niger à la Mauritanie en passant par le Mali, l’Algérie et le Nigeria, menacent de donner jour à une véritable pétaudière.
Quand Kadhafi jouait l’apprenti-sorcier
Dans sa guerre de survie contre la rébellion, le colonel Kadhafi avait fait appel à plusieurs milliers de mercenaires touaregs du Niger, du Tchad ou du Mali, venus s’ajouter aux soldats touaregs déjà présents dans son armée.
Aguerris par toutes les batailles de Benghazi, Brega et Misrata, ces quelque 4000 hommes ont pris la poudre d’escampette dès la chute du dictateur, en octobre 2011, emportant avec eux quantité d’armes (mitrailleuses, explosifs, roquettes et même missiles sol-air), de munitions, de véhicules tous terrains et d’argent.
Privés brutalement du « paradis libyen » où ils étaient très bien payés, ces mercenaires ont préféré s’enrôler chez les rebelles maliens, faute de moyen de subsistance.
Le Mali, première victime collatérale ? Les Touaregs, nomades berbères du Sahara. (David Stanley/cc)
Ces combattants de l’ex-armée de Kadhafi sont ainsi venus prêter mais-forte à leurs frères touaregs regroupés au sein du