Acte I, scène 2

Angélique, en arrosant les rosiers du jardin, a entendu malencontreusement les paroles de son époux, George Dandin. Après le départ de celui-ci, elle se retrouva, donc, seule dans le jardin de la maison de George Dandin. C'est ainsi que pleins de questions lui vinrent à l'esprit.

ANGELIQUE, furieuse et désemparée : Pourquoi moi ! Pourquoi ! Tel est la question que je me pose … Pourquoi m'inflige-t-on ce mariage ? Comme j'ai du mal à m'encrer dans le crâne que je dois, désormais, porter le nom de ce rustre paysan, sans aucune éducation et sans manières ! Comment mes propres parents, même ruinés, ont-ils pût en arriver là ! Moi Angélique de Sottenville, je pense que je mérite beaucoup mieux que cet infâme mari, odieux personnage, sans scrupules, sans prestance, dépourvu de toute politesse ! Cet homme n'est pas fait pour moi ! Je refuse de porter son nom, je suis et resterai Angélique de Sottenville ! Quel honte ! (Son visage devint pâle.) Je n'imaginais point cet homme comme l'homme idéal ! Pour moi, l'homme idéal doit être grand, brun, charmant, tendre, gentil, attentionné, courageux … Tout le contraire de ce parvenu … Même avec tout l'amour que je vous porte, vous mes parents, vous me décevez d'avoir choisi cet homme comme mari de votre fille ! Pourquoi me faire vivre cet enfer ? Ô mes chers parents, que je vous en veux ! N'auriez-vous pas pût trouver mieux ? Angélique Dandin, je ne pourrais jamais accepter ce nom ! Comment connaître le bonheur ? Pour lui le bonheur se résume au seul travail de paysan. Je n'ose même pas le toucher de peur de dégrader ma peau si belle et si douce au contact de la sienne au contraire dure et rêche. Beaucoup de femmes vivent la même expérience que moi à l'instant où je vous parle !