Germaine bernon, critique
1902, Puteaux, France - 1942, Paris, France Germaine Berton, anarchiste, décide seule d’assassiner le royaliste et fasciste Marius Plateau. Arrêtée, elle exige d’être jugée pour son acte politique. La sentence tombe : elle est acquittée ! Pourtant l’époque est prompte à enfermer toute personne contestataire et à réprimer les idées libertaires. Mais, aux yeux de ce système judiciaire patriarcal, les femmes sont des exaltées, prisonnières de leurs humeurs, qui tuent par amour …afficher plus de contenu…
Interrogée à l’hôpital, elle revendique son geste comme un acte politique pour venger l’assassinat de Jaurès et protester contre l’occupation de la Ruhr. Elle clame : « J’ai fait mon devoir. L’histoire jugera. ». Dans cette France de l’entre-deux guerres, Germaine Berton embrase les médias. C’est le procès des extrêmes. C’est un scandale à une époque où les femmes n’ont aucun droit et surtout pas de se mêler de politique ! Une femme, mineure, célibataire, sans domicile, ni travail, se revendiquant anarchiste ose tuer un homme, de surcroît un notable, un héros de la première guerre. Les anarchistes critiquent son geste, jugé trop individualiste. Les communistes conspuent son acte : seule l’action des masses …afficher plus de contenu…
Le juge lui demande : « où habitez-vous ? » ; impertinente, elle répond : « pour l’instant à la prison. ». Lorsque le juge lit les chefs d’inculpation, elle sort son miroir et se recoiffe. De ce début de procès, les journaux ne relatent que son insolence, son physique : « jolie, très jolie […] les yeux encore enfantins »5 ; « à travers son visage les marques précoces du vice6 » ; « les yeux brillent d’un éclat froid et dur7 » ; « Est-elle une femme8 ? » … Pourtant, lorsque l’assassin de Jaurès fut jugé, la presse ne s’était pas demandé si Raoul Villain était beau ou non. Certains s’offusquent qu’elle soit comparée à Charlotte
Corday9,10,11 qui assassina Marat, pendant la Révolution française. Quelques journalistes