H1 paradoxes de la conception kantienne de la religion la conception que propose kant de la religion occupe une place centrale dans son système de pensée, puisque les enjeux peuvent en être décrits aussi bien sur le
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h1 Paradoxes de la conception kantienne de la religion La conception que propose Kant de la religion occupe une place centrale dans son système de pensée, puisque les enjeux peuvent en être décrits aussi bien sur le plan théorique que sur le plan pratique. Du point de vue théorique, qui concerne la connaissance, Kant s’oppose frontalement aux traditions religieuse et métaphysique, qu’il juge l’une et l’autre dogmatiques, c’est-à-dire abusivement affirmatives. En dépit des multiples tentatives proposées par les théologiens et les philosophes au fil de l’histoire, Kant soutient qu’on ne peut ni connaître Dieu, ni démontrer que l’âme est immortelle. Aucune spéculation, ou contemplation, ou intuition rationnelle ne peuvent tenir lieu d’expérience. Telle est la dette de Kant à l’égard de l’empirisme : qu’une chose puisse faire l’objet d’une expérience sensible est une condition indispensable pour qu’elle puisse être qualifiée de connaissable. Mais paradoxalement, Kant soutient que, du point de vue pratique, qui concerne nos actions, l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme sont tout aussi nécessaires qu’elles sont indémontrables sur le plan théorique. Si nous n’avions pas la perspective de pouvoir être un jour récompensés de nos bonnes actions par un juge suprême, alors l’impératif de devoir être moral ne serait pas un commandement juste. Or, un impératif à la fois absolu et injuste serait le comble de l’absurdité. Donc le fait d’accorder un sens à l’impératif moral suppose de croire dans l’existence de Dieu et dans l’immortalité de l’âme. Cette postulation rationnelle de la nécessité de croire ne suffit pas à éviter à Kant que les articles à la base de son livre La Religion dans les limites de la simple raison ne soient censurés en 1791. L’autorité religieuse ne pouvait tolérer que la morale prenne ainsi le pas sur la religion. Mais du côté des philosophes, cette conception fit également de nombreux insatisfaits. Le reproche qui lui fut adressé était de ne pas