Histoire de la vache folle
a. Chronique d’une crise annoncée :
Les premiers cas d’une nouvelle maladie touchant les troupeaux de bovins britanniques sont déclarés entre avril et septembre 1985 dans les services de pathologie du central Veterinary Laboratory. La nature de la maladie qui avait causé la mort, masquée par d’autres facteurs, n’a pas été discernée à l’époque. Cette maladie qui se révélera être l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dite aussi maladie de la « vache folle », fut identifiée un an plus tard par les services vétérinaires britanniques de Weybridge. Cette nouvelle maladie du bétail fut considérée comme une curiosité scientifique, mais l’augmentation exponentielle du nombre des bovins atteints au Royaume-Uni montra, dès 1988, qu’il s’agissait d’un réel problème de santé animale. Les vétérinaires britanniques évoquèrent alors la menace d’une épizootie importante. Dans les huit années qui suivirent, pas moins de 140 000 bovins succombèrent à la maladie selon les statistiques du ministère britannique de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation. Les animaux infectés provenaient de 30 000 fermes, soit 0.8 % de l’ensemble des bovins de Grande-Bretagne. À ses débuts, cette épidémie en Grande-Bretagne tua plus de 1000 vaches par semaine. En novembre 2000, cette maladie a déjà frappé plus de 185 000 bovins britanniques sur un cheptel de 11,5 millions de têtes. Ces chiffres officiels ne représentent qu’une estimation minimale. En raison d’une période d’incubation très longue (cinq ans ou plus), des animaux infectés ont pu être abattus et consommés avant que n’apparaissent réellement les premiers symptômes.
Les enquêtes épidémiologiques identifièrent rapidement la source du mal : il s’agissait de farines carnées (farines de viandes et d’os fabriquées à partir de carcasses animales). Bien que des compléments alimentaires aient été donnés depuis longtemps aux bovins, en particulier aux vaches laitières, c’est