Homère
Qui d'entre nous, prestigieux helléniste ou modeste étudiante, n'a pas cité au détour d'une page quelques vers de l'Odyssée pour écrire un livre sur la poésie grecque ou pour rédiger un mémoire universitaire. Il serait vain de relever tous les écrivains, poètes, philosophes anciens et modernes de tous temps et de tous pays qui se réfèrent à l'épopée d'HOMERE pour en reconnaître les mérites littéraires et historiques.
Depuis Joachim DU BELLAY (1522-1560) qui note dans " A Madame Marguerite ", sœur du roi Henri II, duchesse de Savoie : " Qui tant sut Achille célébrer " en passant par André CHENIER (1762-1794), d'origine grecque par sa mère qui s'inspire de la vie d'HOMERE pour composer L'Aveugle, on peut multiplier les exemples qui prouvent l'universalité de l'œuvre du génial aède.
" L'Homère de Platon ", si l'on me permet de pasticher le titre de la thèse d'un éminent helléniste (1) réserve des surprises. Homère n'y reçoit pas que des louanges. Assez curieusement, PLATON manifeste un certain mépris à l'égard des poètes. On se gardera bien, dit-il, de déformer l'esprit des jeunes par la lecture d'Homère ou par l'audition de musiques langoureuses. PLATON a pour les Beaux-Arts des sévérités qu'il partage avec les théoriciens puritains des régimes sacerdotaux et militaires. PLATON commettait d'ailleurs des contresens en citant HOMERE. Ainsi HOMERE a toujours suscité des polémiques philologiques et historiques chez les intellectuels depuis l'antiquité jusqu'à l'époque contemporaine.
HOMERE est poète mais il se révèle aussi comme un historien visionnaire de l'antiquité. Ses poèmes se nourrissent du passé en évoquant des détails matériels. Comme Jules BARBEY D'AUREVILLY (1808-1889) le précisait, non sans ironie, dans une Histoire sans nom : " Où les historiens s'arrêtent ne sachant plus rien, les poètes apparaissent et devinent. Ils voient encore quand les