Hugo Pennequin Ponge Deguy Rimbaud Mallarm Baudelaire
Le Métronome
Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant.
La main du songeur vibre et tremble en l'écrivant; La plume, qui d'une aile allongeait l'envergure,
Frémit sur le papier quand sort ce figure,
Le mot, le terme, type on ne sait d'où venu,
Face de l'invisible, aspect de l'inconnu;
Créé, par qui? forgé, par qui? Jailli de l'ombre;
Montant et descendant dans notre tête sombre,
Trouvant toujours le sens comme l'eau le niveau; Formule des lueurs flottantes du cerveau.
Oui, vous tous, comprenez que les mots sont des choses. Ils roulent pêle-mêle au gouffre obscur des proses, Ou font gronder le vers, orageuse forêt.
Du sphinx Esprit Humain le mot sait le secret.
Le mot veut, ne veut pas, accourt, fée ou bacchante, S'offre, se donne ou fuit (...)
(...)
De quelque mot profond tout homme est le disciple; Toute force ici-bas a le mot pour multiple
Moulé sur le cerveau, vif ou lent, grave ou bref,
Le creux du crâne humain lui donne son relief;
La vieille empreinte y reste auprès de la nouvelle; Ce qu'un mot ne sait pas, un autre le révèle;
Les mots heurtent le front comme l'eau le récif;
Ils fourmillent, ouvrant dans notre esprit pensif
Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes; Comme en un âtre noir errent des étincelles.
Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux,
Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous; Les mots sont les passants mystérieux de l'âme.
Qui bat là
Une phrase de langue
Au vent du jeu
Neume du mètre
Le balancier confie
Le temps à la diction
Rythme seuil il faut
Qu'une porte en mots soit ouverte et fermée
Longue brève et pause
Le temps passe
Il repassera
Il y a du comme dans l'être
Un air de famille un air de rien
Le courant d'airs tourne les pages ça ne fait pas un pli mais six
Encore un instant
Monsieur le lecteur
Le temps d'un mot nu
Entre deux tournes
Ce qui me chante se plie
Aux calibres des couleurs
La ville est un trou
Ça veut dire quoi causer bien français. Je cause pas bien français moi. Moi monsieur mon père