Humanisme -citation andré gide)
André Gide, Journal, 14 juin 1926, Pléiade
Au risque d’une simplification, l’humanisme pourrait être défini comme un mouvement, une doctrine qui met au centre de ses préoccupations l’homme et le développement des ses qualités. La pensée humaniste naît au XIV siècle en Italie où le développement des élites urbaines enrichit la vie culturelle et où fuyant l’avancée des Turcs, arrivent bientôt les réfugiés grecs apportant de nombreux manuscrits. Avec la redécouverte de manuscrits grecs et latins, la multiplication des traductions et l’apprentissage systématique des langues, apparaît un état d’esprit qui, sautant par-dessus la période médiévale, vise à renouer avec une époque prestigieuse, celle de l’Antiquité. Cette pensée s’étendra d’abord en Allemagne, puis en Hollande et ensuite en France, grâce à la cour pontificale d’Avignon.
Dans un contexte de changements politiques, sociaux et culturels importants, de nombreuses interrogations sont soulevées et les réflexions des humanistes portent sur toutes les sphères de la vie ; la représentation de l’homme et de sa place dans le monde, l’image et le rôle du prince, mais aussi les questions religieuses.
Tout comme l’étaient les Anciens, les humanistes sont quelque part fascinés par la nature et y voient une source d’inspiration et de connaissances. Contrairement à l’esprit médiéval pour lequel le savoir était principalement livresque, l’Homme de la Renaissance, sans pour autant négliger l’importance des livres, cherche également à acquérir des connaissances en dehors des bibliothèques. « Le livre du monde », pour reprendre une expression médiévale qui pour les humanistes revêt un sens différent, est un livre plus vaste et plus vivant que le livre écrit. Le monde et la nature offrent une expérience unique à l’intelligence et