Identifier Abus Sexuel
D’ABUS SEXUEL?
Jean Labbé, MD, FRCPC
Professeur titulaire
Département de pédiatrie
Université Laval;
Consultant pédiatrique en protection de l’enfance
Direction de santé publique de la Capitale-Nationale
1. Introduction
Il ne fait pas de doute que les abus sexuels constituent un problème important dans notre société, en raison de leur fréquence et de leurs conséquences. En 2006-2007, la
Direction de protection de la jeunesse (DPJ) de Chaudière-Appalaches a retenu 126 signalements pour des allégations d’abus sexuels, représentant 7,1% de l’ensemble des signalements. On sait qu’il s’agit d’une sous-évaluation de l’ampleur de ce problème, puisque bien des situations ne sont ni signalées, ni identifiées. D’après une étude de prévalence faite en Ontario en 1997 au moyen d’un questionnaire chez de jeunes adultes, 13% des femmes et 4% des hommes ont révélé avoir été victimes d’abus sexuels durant leur enfance.
La plupart des séquelles d’abus sexuels sont psychologiques et peuvent donner des manifestations durant l’enfance, l’adolescence et même la vie adulte. Parmi ces manifestations, on peut mentionner le syndrome de stress post-traumatique, des troubles extériorisés (problèmes de comportement, abus de substances, fugues…), des troubles intériorisés (dépression, tentatives de suicide…) et des dysfonctions sexuelles
(frigidité, dyspareunie, promiscuité sexuelle, prostitution…).
Dans la littérature pédiatrique mondiale, on utilise surtout le terme « abus sexuel ». Voici l’une des définitions les plus fréquemment utilisées :
« Toute interaction ou tout contact sexuel avec un enfant, inapproprié pour l’âge de celui-ci ou pour son niveau de développement, accompli dans le but d’une stimulation sexuelle ou d’une gratification de l’adulte ou même d’un enfant plus âgé. »
Du côté québécois, on utilise dans les Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle le terme « agression sexuelle », que les victimes soient des enfants ou