"Il suffit de parler pour devenir un autre."
I. chaque fois que je parle, je me métamorphose.
A. En parlant avec/à quelqu'un d'autre, je tais ce qui me singularise, et je deviens forcément un autre.
B. ... Au point de revêtir un masque à chaque fois que je prend la parole, sans même y prendre garde: je ne suis plus moi-même, mais cet autre, ce masque que la société ou les circonstances m'imposent.
C. Par conséquent, les mots sont un écran entre ce que je suis et ce que je dis: ma parole m'éloigne systématiquement de moi-même, me transforme en un autre qui ne coïncide pas avec moi et qui m'est étranger.
II. Pourtant, "Il suffit de parler" pour dire qui je suis: chaque fois que je parle, je manifeste mon identité.
A. chaque fois que je parle, je manifeste mes sentiments et mes opinions: je dis, volontairement ou non, ce que je pense et ce que je ressens, qui m'est propre.
B Au-delà de l'expression de sentiments passagers, chaque fois que je parle, je manifeste mon désir, ma volonté, la force qui m'anime et qui le distingue des autres en tant qu'individu.
C. Ainsi, la paroles est systématiquement affirmation du moi, voire appropriation; en parlant j'annexe à moi, je fais mien même ce qui pouvais sembler autre. Bien loin de devenir différent, je ramène à mon être ce qui est autre.
Alors, dans cette dialectique du même et de l'autre, doit-on opposer le moi et sa parole? En réalité, l'être se modifie avec la parole. La parole implique certes une transformation, mais pas d'aliénation.
III. "Il suffit de parler" pour devenir qui je suis ( Nietzsche, "wie man wird, was man ist"- deviens qui tu es, sous-titre de Ecce Homo)
A. Ma parole me révèle à moi même: en entendant mon discours ( que celui-ci me prenne pour objet ou pas), je découre que l'autre, c'est moi, et je contruis progressivement mon identité.
B. Le dialogue peut être le lieu priviliégié de cette révélation: je deviens qui je suis