La parole a été donnée à l’homme pour cacher sa pensée
-La parole, lieu d’incertitude ; face à elle, difficile de se prononcer sur le statut de ce qui est dit (vérité, mensonge, fiction ?). Rapport problématique à la vérité ; possibilité de ne pas la dire.
-Alors que le sens commun dit le contraire, phrase paradoxale et provocatrice de Stendhal. Citation.
-La parole est désignée par Stendhal, non sans humour, comme un outil qui dissimule la pensée, volontairement ou non, et en fonction de plusieurs objectifs possibles (I). Mais cet usage semble contraire à la finalité première de la parole, qui consiste en l’expression et la possibilité qu’elle offre à l’homme de « dire » sa pensée et ses sentiments (II). Toute parole n’est-elle pas cependant une « construction », une « information » de ce qui est dit (don d’une forme), toute parole n’est-elle pas « création » ? (Variante : la parole est-elle le simple reflet de la pensée ?).
I : La parole dissimulatrice
1 : La parole comme don ambivalent
-Explication littérale de la phrase.
-Le don fait référence aux mythes ou aux textes religieux, l’une des explications possibles de la naissance de la parole, en l’absence de connaissance historique ou scientifique à ce sujet.
-L’Ancien Testament offre ainsi le fameux récit de Babel qui explique la création de la parole spécifiquement humaine (les langues, là où la langue divine possédée auparavant par les hommes était unique) comme une perte, un affaiblissement, la punition d’une faute et une précaution divine pour éviter un sacrilège. La parole ne donne plus accès immédiatement au sens, elle n’est plus transparente ; dire ne suffit plus à exposer de manière immédiate, intuitive et systématique sa pensée. Conséquence, les hommes ne se comprennent plus.
-La parole est donc à la fois un cadeau (elle a été donnée aux hommes) mais ce cadeau a été amputé d’une part essentielle de sa nature : sa transparence. Exple : Verlaine : « Quoi bruissait comme des sistres ? » (Charleroi). La parole évolue bien « dans un