Impérialisme
Nous nous abstiendrons, pour notre part, de faire de belles phrases. (…) les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance, tandis que les plus faibles n’ont qu’à s’incliner.
Exprimant clairement la loi du plus fort, la Guerre du Péloponnèse(Livre V, 89) permet à Thucydide de dévoiler la physique de la puissance. L’esprit de conquête des siècles les plus éloignés semble être la condition de subsistance des entités politiques en devenir. Avec la conception de l’imperium, Rome devient un empire sans pour autant avoir réalisé la réalité impériale avant les régimes despotiques égyptiens ou babyloniens. « Rafler, massacrer, saccager, c’est ce qu’ils appellent à tort asseoir leur pouvoir. (…) (Les Romains) diront qu’ils pacifient. » C’est en ce sens de « pax romana » qu’il faut investir la notion d’imperium si bien décrite par Tacite pratiquant cette analyse géographique et ethnographique dans la Vie d’Agricola(XXX). Cicéron in De Legibus avec l’imperium populi romani, puis Tite-Live, avec l’imperium romanum dévoilent le pouvoir légal d’appliquer la loi et posent la question de la légitimité de l’emprise impériale d’une République puis d’un l’Empire devenus à la fois plus grands et décadents.
Près de dix-huit siècles s’écoulent et le concept d’empire reste un sujet de fascination. La Chrétienté, en exemple, ne s’est-elle pas organisée sous les Empires de Constantin à Charlemagne que leur implosion laisse un rêve européen d’unité et de puissance en jachère. L’empire fantasmé est ainsi un facteur d’unité véhiculé par l’expansion territoriale d’un droit commun et son application régulée par la force. L’Imperialism, dont le terme apparaît dans l’Europe des nationalismes, décrit cette « faim des territoires » que partagent la classe politique et souvent l’ensemble du corps social de l’Etat civilisateur. Comment peut-on comprendre ces volontés d’expansion de la souveraineté étatique? Est-ce le fruit du capitalisme ou du nationalisme ? Tel est