Intimité conjugale et intimité personnelle
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Sociologie et sociétés
Intimité conjugale et intimité personnelle : À la recherche d’un équilibre entre deux exigences dans les sociétés modernes avancées
François De Singly
De l'intimité
Volume 35, numéro 2, Automne 2003
URI : id.erudit.org/iderudit/008524ar
DOI : 10.7202/008524ar
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Éditeur(s)
Les Presses de l’Université de Montréal
ISSN 0038-030X (imprimé)
1492-1375 (numérique)
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Pourquoi penser que les individus individualisés ne seraient surtout sensibles qu’à la préservation d’un soi indépendant, ne rêveraient que de l’absence de tout empiètement? C’est oublier l’attraction de ce que nous nommons « l’individua- lisme relationnel», c’est-à-dire la possibilité de se construire comme une identité grâce à une relation avec un autrui significatif. On peut ainsi dessiner un autre modèle de re- lation au sein des sociétés modernes avancées : un modèle qui ne rejetterait ni la fu- sion—plutôt caractéristique de la période antérieure—ni l’autonomie. Il sera désigné sous le terme de «double respect», celui de l’individu individualisé et celui de la com- munauté partielle, celui de la recherche d’un équilibre entre l’intimité personnelle …afficher plus de contenu…
La légitimité du travail profes- sionnel et celle de la relation amicale, prise sur un temps considéré comme devant être commun, diffèrent. Du point de vue du partenaire, la « séparation» pendant un temps limité peut être vécue comme normale, mais elle peut être perçue au contraire comme menaçante pour la relation et pour soi. Elle devient une «offense».
Deux formes d’offense territoriale doivent être distinguées : celle que souligne
Goffman (1973), un envahissement d’un territoire personnel par quelqu’un qui n’est pas autorisé à pénétrer (le viol étant le cas le plus exemplaire) ; celle, trop souvent oubliée, qui consiste à éviter de partager un territoire. Dans un roman de John O’Farrell