Ionesco: monologue de bérenger
• I - L'absurde au niveau du langage : l'enfermement de l'homme dans la parole
• 1 - L'impuissance de la parole
• 2 - Le malaise dans la communication des personnages
• Transition
• II - La portée philosophique du monologue
• 1 - La portée existentielle
• 2 - La loi de la majorité
Analyse:
Tout dilemme comportant une part sacrificielle et mettant celui qui le vit au cœur d'un déchirement, il faut reconnaître à ce monologue sa portée tragique.
En fait, ce monologue final (qui clôture donc la pièce) est le point d'aboutissement d'une tragédie annoncée. Le monologue en tant que fin d'une pièce en trois actes, resserrée, est bien un dénouement, inscrit dans un registre tragique pour plusieurs raisons.
D'abord l'adverbe "hélas" puis l'accumulation d'exclamations négatives ("je n'ai pas de cornes, hélas!", "je n'arrive pas à barrir. (…) Les hurlements ne sont pas des barrissements!") inscrivent l'extrait dans un moment de négativité. Les termes de "honte", "manque", ainsi que la laideur et la moiteur évoquées ajoutent à la tension tragique qui atteint ici, après trois actes son paroxysme. Cet extrait est le dernier moment d'une intrigue qui n'avait de cesse de se précipiter vers le pire.
De plus, la tragédie se définit par deux aspects: l'omniprésence de la mort, qui a ouvert la pièce (c'était la mort du chat), qui a parcouru l'ouvrage de façon plus suggérée (madame Bœuf a sauté par la fenêtre) et qui a pris aussi le visage de l'agonisant (Jean) devient oppressante et menaçante au point que Bérenger doit se défendre. Toute la pièce a vu la rhinocérite approcher de plus en plus de l'espace privé de Bérenger (ses collègues, puis ses amis, puis sa fiancée se laissent prendre au piège des rhinocéros) et le héros n'a plus qu'une solution, d'urgence: prendre les armes ( " ma carabine, ma carabine!"). La mort est présente aussi de façon plus implicite: la monstruosité dont s'accuse Bérenger peut s'apparenter à une certaine mort; la mort d'une