Je veux peindre la france, d'aubigné
Les tragiques d’Aubigné (Agrippa) est une immense fresque et une épopée qui renouvelle le genre puisqu’il s’agit d’un sujet contemporain : les guerres de religions qui déchirent la France dans la 2ème moitié du 16ème s. Dans cette oeuvre, D’Aubigné s’engage au côté des protestants (ou réformés) et l’extrait proposé qui est issus du livre I : Misères évoque les souffrances de la France sous la forme d’une allégorie.
1) Une allégorie biblique
La France est représentée avec une figure maternelle et souffrante : "une mère affligée", mais également nourricière et d'"une amour maternelle".
Ses enfants sont représentés dès le 2ème vers : "de deux enfants chargés" ; ils se disputent violemment ; Jacob, représentant les protestants a "la juste querelle"; "l'autre", Esaü, symbolise les catholiques, et est définit comme violent, il "viole".
2) Un tableau pathétique, réaliste et tragique
Champ lexical du corps humain (bras, tétins, ongles, poings, pieds...), du désespoir (affligée, acharné, malheureux, plus d'envie...) et de la violence (empoigne, force de coups, brise, acharné, dégat)
Texte visuel : verbes de mouvement, et violence : contraste des couleurs : rouge sang/blanc lait.
La mère (la France) est également violente, le sang qui coule représente la Mort. La mère (donc la vie) amène maintenant la Mort.
Allitération en v (vers 75), et assonance en "ou".
On parle des efforts de la mère pour sauver ses enfants en utilisant le registre du déchirement de la mère : un registre pathétique renforcé par le côté pictural et le registre tragique présent vers la fin ; on est dans une situation sans issue.
La rivalité sanglante des deux frères est à l’origine de la déchéance de la mère et donc de la France, mais également la destruction de chacun des deux camps : la France se détruit elle même. Avec l’oxymore du lait et du sang, ce qui devrait être vie devient mort.
3) Un poème engagé
On a vu à travers l'allégorie