jean grenier et Camus
Jean Grenier
Camus a toujours reconnu l'influence qu'avait exercée sur lui son ancien professeur de philosophie au lycée d'Alger où Jean Grenier a exercé quelques années. Mais 'l'élève a fini par dépasser le maître', ce qui n'a pas été sans quelques réticences de la part de Jean Grenier. Cette correspondance s'étend de façon ininterrompue des premiers temps de leur rencontre en 1932 jusqu'à la veille du décès de Camus le 4 janvier 1960. Elle est d'autant plus intéressante que sa longévité et sa continuité représentent une source importante d'informations aussi bien sur l'évolution de Camus que sur celle de leurs relations. Si Grenier reconnaît son rôle d'inspirateur, il voulait aussi garder son indépendance vis-à-vis de Camus, 'faire son œuvre' sans être constamment soumis à l'aune de son ancien élève, considéré comme 'le maître de Camus', comme certains critiques n'y manquèrent pas.
Il est assez difficile d'évaluer l'influence réciproque qu'ils exercèrent aussi bien dans leur correspondance où on trouve toujours un profond respect mutuel dans le choix des mots et leur façon de s'exprimer et encore plus dans le livre de souvenirs de Jean Grenier, qui est essentiellement un hommage qu'il rend à Camus. À travers leurs échanges de lettres, on peut distinguer trois périodes dans leurs relations : la période algéroise de 1932 à 1938, date à laquelle Jean Grenier quitte Alger, les années 1940 où ils ne se voient guère, Camus étant àOran ou 'bloqué' en France une partie de la guerre et Grenier nommé à Lille puis en Égypte et où ils trouvent peu de temps pour s'écrire, surtout pendant 'la période résistante' de Camus et les années 1950.
Jean Grenier enseigne à Alger en 1923-24 puis y revient à la rentrée 1930 où il a dans sa classe le jeune Camus. Leur rencontre est connue puisqu'ils l'ont racontée tous les deux : Camus victime d'une première attaque sérieuse de tuberculose, est retenu loin du lycée pendant plusieurs semaines et Grenier s'en