Jusqu'à quel point faut-il obéir aux lois?
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12 pages
Faut-il se soumettre aux lois de la Cité en tout temps et en toutes circonstances? Voilà une question que se pose Socrate, célèbre philosophe de la Grèce antique, avant d’accepter sa peine de mort, après avoir été condamné pour corruption de la jeunesse et pour impiété. Fidèle disciple de Socrate, Platon est l’auteur du Criton, un dialogue mettant en vedette Socrate et son ami Criton, quelques jours avant son exécution. Il y est question d’obéissance aux lois de la Cité ainsi que du raisonnement qui amène Socrate à choisir la mort plutôt que l’exil. Martin Luther King, quant à lui, est un pasteur de l’Alabama, militant pacifiste pour les droits civiques des Noirs de surcroît, et à qui on décernera le prix Nobel de la paix en 1964. Il s’est lui aussi prononcé sur la question de soumission aux lois. Alors qu’il est incarcéré à la prison de Birmingham, King écrit sa célèbre « Lettre de la prison de Birmingham », en réponse à une autre lui ayant été adressée par des prêtres et rabbins de l’Alabama et dans laquelle ceux-ci critiquent le fait que King incite à la désobéissance aux lois, et précipite selon eux la violence. Ainsi donc, Socrate et Martin Luther King ont, nous le verrons, des opinions divergentes sur la question de l’obéissance aux lois, bien qu’ils partagent aussi des valeurs morales apparentées.
D’abord, dans le Criton, Platon expose avec la dialectique qu’on lui connaît, le raisonnement qui amène Socrate à refuser de s’évader lorsque celui-ci est condamné à mort. Il lui est alors très facile de s’enfuir puisqu’il ne suffit que de verser un pot-de-vin au gardien du cachot, ce que plusieurs personnes, incluant son ami Criton, sont prêtes à faire pour lui. En ces temps anciens, il est normal et même attendu qu’un condamné à mort s’évade et choisisse l’exil. Aussi Criton tente-t-il avec ferveur de convaincre son ami qu’il doit absolument se dérober à son exécution en prenant la fuite.
Criton allègue qu’en plus de perdre un ami très cher, sa