L'étranger, albert camus
L’ÉTRANGER
(1942) Table des matières
PREMIÈRE PARTIE ................................................................. 3
I .................................................................................................... 4
II ................................................................................................ 16
III ............................................................................................... 21
IV ............................................................................................... …afficher plus de contenu…
J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée.
Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilo- mètres d’Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser.
C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. …afficher plus de contenu…
C’est à ce moment que je me suis aperçu que Pérez claudiquait légèrement. La voiture, peu à peu, prenait de la vitesse et le vieillard perdait du terrain.
L’un des hommes qui entouraient la voiture s’était laissé dépas-– 14 – ser aussi et marchait maintenant à mon niveau. J’étais surpris de la rapidité avec laquelle le soleil montait dans le ciel. Je me suis aperçu qu’il y avait déjà longtemps que la campagne bour- donnait du chant des insectes et de crépitements d’herbe. La sueur coulait sur mes joues. Comme je n’avais pas de chapeau, je m’éventais avec mon mouchoir. L’employé des pompes fu- nèbres m’a dit alors quelque chose que je n’ai pas entendu. En même temps, il s’essuyait le crâne avec un mouchoir qu’il