La beauté est elle réservée à une élite
Analyse des termes du sujet
Telle qu’elle vous est posée, la question ne présente pas de difficulté de compréhension particulière. Il faut cependant être attentif au terme d’élite, car c’est lui qui fait la spécificité du sujet et qui peut, suivant la manière dont vous déciderez de le comprendre, vous conduire à une réponse possible. Le substantif féminin élite désigne un ensemble de personnes ou un groupe d’individus considéré comme supérieur et qui exerce une influence sur la société tout entière en raison de son éminence dans tel ou tel domaine d’activité. Faire de la beauté le privilège ou le monopole d’une élite, c’est donc soutenir la thèse selon laquelle seul un petit nombre d’individus hors du commun s’avérerait capable soit de produire la beauté – en créant une œuvre d’art – soit d’en juger – en posant les normes de ce qu’on appelle le goût – soit enfin de l’apprécier, en éprouvant à son contact un sentiment de plaisir. En conséquence, l’accès à la beauté demeurerait hors de la portée du plus grand nombre ou du commun des hommes, qui ne pourrait y accéder. Si la question est claire, la réponse qu’elle laisse sous-entendre peut vous paraître choquante. Il semble difficile, à l’âge de la beauté démocratique, d’y apporter une réponse affirmative. Un des principes fondamentaux de nos démocraties modernes n’est-il pas celui du libre accès à la beauté pour tous, sans discrimination de statut social, d’âge, de sexe ou de culture ? Toutes les politiques culturelles contemporaines concernant la beauté artistique vont dans ce sens : enseignement de l’art dans les écoles, ateliers artistiques pour les enfants des banlieues défavorisées, gratuité des musées certains jours, expositions très médiatisées drainant le plus large public possible… Le succès sans précédent de la dernière exposition « Picasso et les maîtres » semble témoigner en faveur de telles entreprises. Le processus de démocratisation de la beauté