La blouse en psychiatrie
D’après des observations, des réflexions personnelles, des entretiens auprès de professionnels, et la lecture de plusieurs ouvrages et d’articles traitant de la blouse blanche, je vais aborder la fonction imaginaire que celle-ci peut avoir pour le soignant. La blouse est protectrice.
La blouse est « une barrière protectrice du psychisme »
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lorsqu’elle oblige le soignant à contenir ses émotions, ses angoisses en se réfugiant derrière sa tenue de travail, comme derrière un masque. De la même façon, elle peut aider le soignant à construire ses propres mécanismes de défense.
On voit pointer ici un aspect imaginaire (le soignant à l’abri derrière sa blouse). La blouse met une distance.
Elle protège d’une trop grande proximité psychique avec le patient. Elle vient rappeler au soignant sa fonction de soignant, et lui permet de mettre et de maintenir une distance dans sa relation avec le patient.
De cette façon, celle-ci protège le soignant d’un envahissement physique et psychique qui pourrait être débordant. La blouse donne du pouvoir au soignant.
La blouse instaure également une distance imaginaire dans la relation soignant – soigné en conférant au soignant un certain pouvoir, une autorité sur ce dernier.
Le patient est dans une dépendance au soignant, ce qui créé alors une relation asymétrique.
En effet en symbolisant le savoir, la compétence, la blouse peut impressionner le patient et créer un rapport de soumission, qui pourrait lui-même devenir un « abus de pouvoir ».8 Au contraire, elle peut mettre en confiance et rassurer le patient qui idéalise alors le soignant et lui témoigne un respect inconditionnel.
7 : K. HILLION et D. LE DEIST – J’ai écrit sur ma blouse Revue de l’Infirmière n°26, p.67
8
: Frédéric WORMS – Les deux concepts du soin Revue Esprit, janvier 2006, p.142