La caresse de l'ange
Je lui parle des prestations. Je lui parle du corps, cet inconnu que nous avons tous tendance à oublier, que nous avons tous tendance à rejeter. Elle me dit qu’elle est une femme moderne, qu’elle n’a pas le temps. Qu’elle a un travail, un ami. Qu’elle est heureuse. Mais qu’elle s’oublie elle-même.
Je souris. Je présente la plaquette de mes prestations.
Je l’a fait entrer dans la cabine
C’est une petite pièce carrée, à demi dans la pénombre. J’ai choisi de masser à même le sol, pour être en relation avec les éléments terre, pour que jamais dans ce moment de proxémie, elle ne se coupe de ses émotions.
Je lui montre le peignoir, lui indique la façon de s’allonger et je sors quelques instants…
Un massage commence toujours par une sensation de vide avec soi-même, avec ses soucis, avec son présent. Le rituel commence.
Elle s’est allongé sur le dos les yeux clos.
J’ajuste la couverture blanche que j’ai réchauffé sur son dos. Instant propitiatoire de communion entre le monde des sens, du toucher.
Le premier contact est primordial. Instaurer la confiance par le toucher.
Elle tressaille un peu.
Je vois bien que c’est la première fois qu’elle confie son corps à un autre. Elle est tendue, probablement sur la défensive. Peur sans doute de la bulle que mes mains vont faire éclater pour laisser naitre le bien être.
Nous ne nous parlons pas, c’est la règle…
Les mains sont les paroles silencieuses de l’âme.
Je l’invite par des appositions sur son dos à se relâcher, à lâcher prise.
Une douce odeur d’encens l’invite au voyage silencieux,
Comme toujours, je réduis un peu plus la lumière. Moment d’oubli. Moment d’abandon. Perte du champ visuel au profit du champ émotionnel. Mes mains remplacent les mots.
Elle respire faiblement. Je ressens comme une légère