La chine et l'afrique
Laurent Delcourt1
L’irrésistible percée chinoise en Afrique suscite de vives controverses au sein de la communauté internationale. Levier à une future émancipation politique et économique du continent ou frein à son développement, voire facteur d’instabilité ? Une approche prenant en compte la diversité des points de vue et les multiples dimensions de la relation sino-africaine permet de mieux en mesurer l’importance, les enjeux et les implications.
Bousculant les agendas internationaux du développement et redéfinissant les grands équilibres géopolitiques et économiques, la Chine n’a cessé depuis une quinzaine d’années d’élargir son champ d’action et de consolider sa présence en Afrique, traditionnel pré carré des puissances occidentales. Approbation en 2004 par Pékin d’une ligne de crédit de 2 milliards de dollars au gouvernement angolais au grand dam des institutions financières internationales ; contrat exceptionnel annoncé en 2007 avec la République démocratique du Congo ; croissance des investissements dans les secteurs du cuivre en Zambie, du charbon au Zimbabwe, du pétrole au Soudan et au Gabon ; acquisitions à grande échelle de terres au Cameroun, en Ouganda et en Éthiopie ; rachat en 2007 de 15 % des parts de la plus grande banque sudafricaine (Standard) ; construction prévue ou en cours de nouveaux barrages (Zambie, Ghana, etc.) ; lancement de multiples projets
1. Historien et sociologue, chargé d’étude au CETRI (Centre tricontinental), Louvain-laNeuve.
8 / la chine en afrique : menace ou opportunité pour le développement ?
d’infrastructure sur l’ensemble du continent (universités, voies ferrées, ports, routes, etc.) ; ballet incessant des diplomates chinois sur le sol africain… pas un jour ne se passe sans que les grands médias internationaux, tantôt outrés tantôt interloqués, ne se fassent l’écho de la geste chinoise en Afrique, tout en s’interrogeant sur ses implications et sur les motivations