La colonne brisée de frida kahlo
Elle porte un corset médical laissant apparaître sa poitrine galbée, tandis que la partie inférieure de son corps est couverte d'un drap blanc. Elle est recouverte d'une multitude de clous enfoncés dans sa peau (faisant référence à la figure du martyre) et dans le tissu.
Elle regarde dignement le spectateur et, malgré le flot de larmes qui coule sur son visage, elle reste impassible. Ces larmes sont dues aux clous qui parsèment et transpercent sa peau, mais aussi à la blessure qui ouvre son buste en deux, du menton jusque l'abdomen. L'ouverture de la partie haute de son corps laisse entrapercevoir une colonne architecturale de type ionique qui a remplacé de manière symbolique la colonne vertébrale de Frida Kahlo. Le corset orthopédique d'acier, qui retient ensemble les deux parties de son corps, contient une tension flagrante dans l'œuvre. La colonne en pierre est fissurée de toutes parts, elle tombe peu à peu en ruine.
L'artiste se dépeint ainsi, alors qu'elle est au plus mal physiquement (sa santé s’étant considérablement détériorée à partir de 1944). Dans son journal, Frida Kahlo a dessiné un autoportrait s'effondrant d'une colonne architecturale, son corps étant en train de se désagréger. Sous le dessin, elle a inscrit : « Yo soy la DESINTEGRACION…. » La colonne de pierre ne la soutient plus, elle s'émiette.