La confession d'un enfant du siècle
Roman d’Alfred de Musset (1810-1857), publié à Paris chez Félix Bonnaire en 1836; le chapitre 2 avait paru dans la Revue des Deux Mondes le 15 septembre 1835.
Ouvrage capital pour la compréhension du romantisme français, la Confession fut composée au retour de Venise, quand Musset eut l’intention de raconter ses amours avec George Sand: «Je voudrais te bâtir un autel», lui écrit-il durant l’été 1834. Mais la rupture de novembre, la reprise des relations en janvier 1835 et la séparation définitive du 6 mars modifient le projet initial et le roman porte la trace de ces tumultes sentimentaux.
Le titre place l’ouvrage dans la lumière de saint Augustin et de Rousseau. Il s’agit d’avouer ses fautes, mais surtout de dévoiler, au-delà de la «maladie morale abominable» d’un auteur de vingt-cinq ans, le mal du siècle et d’en analyser les causes. Le projet autobiographique se trouve d’ailleurs faussé par le double souci de disculper George Sand et de modeler l’histoire des deux amants sur les exemples prestigieux d’Héloïse et Abélard, de Roméo et Juliette, de Werther et Charlotte. Surtout, Musset se cache derrière un narrateur, héros de sa propre histoire, d’où la constitution d’un texte romanesque où jeux de masque, distance et primauté de la fiction importent sans doute plus que l’exhibition d’une vie encore bien jeune. Enfin, l’intrigue amoureuse d’Octave et Brigitte se trouve encadrée par l’histoire d’une génération et un épilogue à la troisième personne (V, 7). En multipliant ainsi les points de vue, Musset établit le lien entre l’époque et l’individu, faisant jouer destinée personnelle et détermination historico-sociale.
Résumé
Première partie. Les trois premiers chapitres donnent avec l’incipit («Pour écrire l’histoire de sa vie, il faut avoir vécu; aussi n’est-ce pas la mienne que j’écris») l’une des clés du texte, et analysent les causes et les modalités du mal du siècle. Aux souvenirs exaltants de la Révolution et de