La croissance économique est elle durable?
Trop rapide ou trop lente, le rythme de la croissance économique n'est jamais acceptable aux yeux de nos contemporains. Trop rapide, elle est accusée de détruire l'environnement et de fragiliser la cohésion sociale, trop lente, elle ne permet pas de créer assez d'emplois et de réduire suffisamment la pauvreté. L'augmentation de la production, à court terme comme à long terme, n'a jamais le rythme qu'il faut.
Pourtant, comme processus de transformation de l'activité productive élevant son efficacité et la quantité produite, la croissance économique est consubstantielle de nos sociétés modernes. Par définition non stationnaires, animées par ce que le philosophe de l'art Harold Rosenberg appelle, s'agissant de l'art moderne et contemporain, «la tradition du nouveau» (1988), nos sociétés ont l'économie de leurs structures : la croissance n'est qu'une manifestation de leur modernité.
Pour autant, la croissance est-elle forcément durable ?
La croissance butte sur les capacités de production à court terme et sur les rendements décroissants à long terme, mais l'investissement et le progrès technique permettent d'y faire face depuis deux siècles (I). Pourtant, les hommes peuvent-ils encore préserver la croissance malgré les crises récurrentes et les dégradations toujours plus vives de l'environnement (II) ?
I) L'extinction programmée de la croissance économique a pour l'instant été retardée.
A- La menace de l'état stationnaire pèse sur la croissance économique...
Augmenter la production se heurte aux capacités de production limitées à court terme. La microéconomie standard défend l'idée qu'à court terme le stock de capital fixe est fixe et qu'en conséquence la production dépend de la quantité de travail mobilisée, mais la productivité marginale du travail étant décroissante, à mesure que la quantité de travail utilisée augmente, la hausse de la production diminue rapidement. La demande de travail est décroissante en fonction